2018-06-07

DJELEM - LETTRE D'ANA / CLEO T.

Heureux sans savoir pourquoi. Alors, heureux je le suis !

Mon bien cher Père, Papa.

De campagnes en campagnes à suivre l’indigente lubie d’un pouvoir qui chaque jour me contrarie.

Je suis encore vivant. Je te l’écris, ça oui ! Parfois j’oublie qui je suis, est ce que j’ai peur ? Je ne sais plus.

Et puis il y a aujourd’hui… Les bruits sourds se sont arrêtés. L’entêtant brouhaha de ces mécaniques de moitié huilées, balafrées de ces deux années à railler le premier opposant qui murmure.

Cet ennemi à peine visible que l’on ne distingue que par le cri sournois des sirènes de notre rafiot. Ces moments oui j’te l’dis, semblent une éternité…. c’est vrai.

Mais ça ne dure pas rassure toi. Le plus souvent on gronde, on pète, on nettoie, on assoit notre arrogance à coup de pétards à 20 plaques.

Et puis il y a aujourd’hui. Et ce jour là j’ai envie de te le partager. A toi, mon père, qui je le sais guette et attend.

Ca va faire deux semaines que je suis aux arrières, pour la première fois, ce soir j’ai pu sortir de mon cimetière. Le village ou nous sommes, fêtait le printemps et la terre !

D’abord un son puis un autre…. des pas, j’ai marché, et là je crois que j’ai découvert la Musique, Papa ! Quelle merveille ! Quelle joie ! J’crois même que j’ai pleuré, mais rassure-toi, j’ai ri aussi !

Je n’ai rien entendu de pareil avant. Intense et de si loin, on aurait dit des sons du sud, quand... cette voix… Une voix qui dit tout et pense les siens.

Oh papa, je suis encore ému ! J’aimerais que tu l’entendes avec moi...

Puis, ce son qui me rappelle Maman. La clarinette oui, me suis souvenu qu’elle me la chantait, cette chanson là.

C’est là que nos jambes se croisent, battent et s’enlacent pour reprendre en cœur. Un cœur ivre et rond, un hymne dont je ne connais pas le nom,

mais que je te chanterais, mon Père, de bon ton. Je t’ai vu ce soir avec Maman, j’ai imaginé votre rencontre. C’est comme ça que je te vois, c’est comme ça que je vous ai vus.

C’est là que je la vois, celle qui se pose sur moi... Je ne la connais pas, mais déjà, je me prends à souhaiter l’écrire !

Ana…

Tu veux la connaitre ? Elle est là. Son regard me toise me dévisage. A la fois Homme, je deviens…comme je te l’écris là… un gamin.

Un gamin oui, et qui a peur ! 

Elle, Ana, elle me toise, comme pour me défier d’être l’homme qu’elle voit et que je mérite d'être, je crois.

Alors, que j’ai passé ces dernières années à supporter l’impensable ! Je suis là et j’ai peur !

Elle me défie, je la regarde…. Et l’enfant cède.

Je suis devenu un Homme je crois. J’ai senti la mort Papa.

Je suis prêt à mourir, je sais là, pourquoi je vis. N’aie pas peur pour moi, je sais pourquoi je me bats !


Heureux je sais pourquoi.

Alors en vie, je la suis !

07-06-18

DJELEM - LETTRE D'ANA / CLEO T.

Heureux sans savoir pourquoi. Alors, heureux je le suis !

Mon bien cher Père, Papa.

De campagnes en campagnes à suivre l’indigente lubie d’un pouvoir qui chaque jour me contrarie.

Je suis encore vivant. Je te l’écris, ça oui ! Parfois j’oublie qui je suis, est ce que j’ai peur ? Je ne sais plus.

Et puis il y a aujourd’hui… Les bruits sourds se sont arrêtés. L’entêtant brouhaha de ces mécaniques de moitié huilées, balafrées de ces deux années à railler le premier opposant qui murmure.

Cet ennemi à peine visible que l’on ne distingue que par le cri sournois des sirènes de notre rafiot. Ces moments oui j’te l’dis, semblent une éternité…. c’est vrai.

Mais ça ne dure pas rassure toi. Le plus souvent on gronde, on pète, on nettoie, on assoit notre arrogance à coup de pétards à 20 plaques.

Et puis il y a aujourd’hui. Et ce jour là j’ai envie de te le partager. A toi, mon père, qui je le sais guette et attend.

Ca va faire deux semaines que je suis aux arrières, pour la première fois, ce soir j’ai pu sortir de mon cimetière. Le village ou nous sommes, fêtait le printemps et la terre !

D’abord un son puis un autre…. des pas, j’ai marché, et là je crois que j’ai découvert la Musique, Papa ! Quelle merveille ! Quelle joie ! J’crois même que j’ai pleuré, mais rassure-toi, j’ai ri aussi !

Je n’ai rien entendu de pareil avant. Intense et de si loin, on aurait dit des sons du sud, quand... cette voix… Une voix qui dit tout et pense les siens.

Oh papa, je suis encore ému ! J’aimerais que tu l’entendes avec moi...

Puis, ce son qui me rappelle Maman. La clarinette oui, me suis souvenu qu’elle me la chantait, cette chanson là.

C’est là que nos jambes se croisent, battent et s’enlacent pour reprendre en cœur. Un cœur ivre et rond, un hymne dont je ne connais pas le nom,

mais que je te chanterais, mon Père, de bon ton. Je t’ai vu ce soir avec Maman, j’ai imaginé votre rencontre. C’est comme ça que je te vois, c’est comme ça que je vous ai vus.

C’est là que je la vois, celle qui se pose sur moi... Je ne la connais pas, mais déjà, je me prends à souhaiter l’écrire !

Ana…

Tu veux la connaitre ? Elle est là. Son regard me toise me dévisage. A la fois Homme, je deviens…comme je te l’écris là… un gamin.

Un gamin oui, et qui a peur ! 

Elle, Ana, elle me toise, comme pour me défier d’être l’homme qu’elle voit et que je mérite d'être, je crois.

Alors, que j’ai passé ces dernières années à supporter l’impensable ! Je suis là et j’ai peur !

Elle me défie, je la regarde…. Et l’enfant cède.

Je suis devenu un Homme je crois. J’ai senti la mort Papa.

Je suis prêt à mourir, je sais là, pourquoi je vis. N’aie pas peur pour moi, je sais pourquoi je me bats !


Heureux je sais pourquoi.

Alors en vie, je la suis !